Les jours m'apprennent que parler de tout me ramènera toujours aux mêmes causes et il est bien dans ma nature d'éviter la routine. Je suis en plein Woodstock personnel, ça doit bien faire 3mois que je me suis perdue pour de bon et je n'ai aucune envie de retrouver un foyer. Malheureusement mes drogues saines ne sont pas assez puissantes pour déterger mon cerveau. J'ai toujours eu l'atroce impression de trop spéculer, d'être vieille avant l'heure, de prendre trop de recul, de vivre les choses sans les goûter… Une valse sans pas. Mais pendant que je défilais sans coeur, mon cerveau épongeait tout, comme un trou noir. Mes ambitions ne sont que musique et voyage, déconnecter en me jetant d'une falaise, un suicide plein de vitalité. Et c'est avec passion et vivacité que je cherche n'importe quel moyen de perdre mon chemin. Comme un virus s'appliquant à trouver les meilleurs antibiotiques, je m'évertue à gâcher mon avenir social sans trop entacher sur le professionnel puisque les conséquences d'une chute n'inculperait pas que ma propre personne. Les nouvelles rencontres me paraissent lointaines et fades. Et forcée de me l'avouer, il s'agit bien d'un refoulement. A quoi bon connaître d'autres quand je ne sais encore que trop peu de choses sur celles qui m'ont marquée ? J'ai horreur de retourner sur mes pas mais mes hallucinations sonores et autres déglingues deviennent encombrantes. Alors que je tente encore de m'enfoncer dans la forêt, mon inconscient me souffle le chemin du retour.
Contrainte de me l'avouer je ne peux plus imaginer ma vie sans ce timbre de voix qui me hante depuis ma deuxième genèse, je dois dire que j'ai toujours envié sa compagnie proche. Comment ne pas s'excuser d'un manque de curiosité aux côtés d' un être si profond d'expérience, un compromis rassurant et sans avenir tout comme je les aimes."
http://www.youtube.com/watch?v=TCe5d90vlP0 ("Il voyage en solitaire" Alain Bashung)
Un fichier non daté qui aurait dû devenir un article il y a environ un an. Soit, une réflexion avant l'autre même si les impressions ne sont plus les mêmes, le chemin de la métamorphose éternelle de l'âme est primordial.
Une tendre coïncidence qui me donne envie d'écrire sur la même saison un an plus tard. Les mêmes projets poussés plus loin avec le même cercle amical. Se retrouver dans les mêmes forêts entre 2 concerts comme un an auparavant et saisir la puissance du temps et de la nostalgie. Revenir sans trop les avoir quittés, et pourtant leur imposer mon nouveau rôle dans le groupe. Après un an d'essorage massif durant lequel mon sang a eu le temps de bouillonner dans tous les sens, pouvoir sentir ce coeur infiniment inconnu à mon cerveau battre comme la première fois alors que je me perds entre les arbres après une lourde répétition. Une pompe poétique battant encore pour la même personne malgré l'année passée. Se sentir plus de pouvoir et plus de crédibilité au service d'une passion mortellement commune. En être séparée tant de fois, s'y être préparée tant d'années et toujours culpabiliser d'être arrivée innocemment en retard. Retomber sur Terre avec plus de maturité que l'an passé mais avec cette familière brûlure dans les tripes.
Noyer ce passé dans l'infini temps présent qui rend l'artiste si invincible et pourtant aussi faible qu'une coïncidence. Je retombe peu à peu comme une plume couleur "Bleu pétrole" de Bashung avec une victoire en main qui m'entraîne vers le fond. Ayant osé poser des questions en refoulant sans cesse les espoirs fous qui rythment mes nuits cauchemardesques. Communier avec un passé qui n'est pas le mien, former une conscience plus vieille encore qu'elle ne l'est qui me goudronne d'une objectivité malsaine contre laquelle ma spontanéité ne cesse de lutter. Sentir son regard se mêler au mien, comme un peu plus proche chaque fois, comme s'il avait compris la peine à laquelle je l'ai mêlé. Goûter à ce nouveau sentiment d'accessibilité tout en contractant encore tout mon corps de peur de me libérer de tous ces efforts de distance et d'indépendance. Crever d'amour de loin le sourire aux lèvres jusqu'à ce que la souffrance soit plus forte que la naïveté du sentiment premier où jusqu'au moment fictif que ma patience aura tant fantasmé. Sentir comme le poids d'une planète s'échapper de mon coeur tout en transpirant de terreur en observant la profondeur des racines de ce lourd bonheur. J'ai la fièvre de fureur et c'est bien des perles de la plus pure et tendre affection qui dégoulinent tout le le long de mon âme. Sentir encore que l'encre ne manquera pas avant la fin de l'histoire, que le maelstrom de pages qui m'attend ne sera pas assez puissant et que la vieillesse me protègera de l'habitude et du confort. Même si c'est le poison qu'il faudra avaler à pleine gorge, qu'il me coule des yeux je ne vaux pas mieux ni moins que les autres mais c'est bien grâce à mes veines qu'il coulera à souhait sans jamais goutter sur cette précieuse éclaircie qu'est son âme, comme échappée d'un poème de Victor Hugo.
Me revoilà avec encore moins de choses à raconter, ne m’en tiens pas grief, la seule cause de cette absence est le changement. Plus je vis, moins j’éprouve le besoin de t’empoisonner à coup de bols d’une infecte soupe de mots, pleine d’idioties flottant comme des grumeaux à la surface.
Comment raconter un siècle de mon existence sans lyophiliser le délicat fumet de la souffrance écrasée par la saveur de l’ambition et du bonheur ?
Moi qui croyais encore bêtement en l’adulte, assistée parmi des milliards d’autres, voilà que j’ai forcé la porte à peine blindée. Tombée d’un fragile nuage, emportant avec moi des rêves encore inachevés en espérant pouvoir les placer entre les mains de plus forts.
« On est jamais mieux servit que par soi-même », c’est valable partout, tant qu’on dévale la pente sur du hors piste. Il s’agit de trimbaler son reflet dans sa poche en permanence avant de pouvoir le glisser discrètement dans le manteau d’un autre. Puisque la passivité est la pire chose qui puisse m’arriver, autant secouer les autres, victimes de ma passionnelle et nerveuse quête d’identité.
« Come gather 'round people
Wherever you roam
And admit that the waters
Around you have grown
And accept it that soon
You'll be drenched to the bone.
If your time to you
Is worth savin'
Then you better start swimmin'
Or you'll sink like a stone
For the times they are a-changin'. »
Comme une chanson de Bob Dylan, on ne sait jamais si c’est un début ou une fin, juste les deux à la fois, ambition et nostalgie créant l’adrénaline, un sentiment de puissance humaine et d’union. Ou comme un discours d’Hitler, se laisser porter passivement par le courant quelque soit la fin, tragédie ou happy end, juste sentir la foule en excitation générale. N’avoir aucun pouvoir sur les fourmis qui chatouillent tout notre être, noyé de phenylethylamine, acide jaillissant de notre faible cortex cérébral rongeant au passage le peu de neurones actifs.
La lâcheté est un jeu inconscient, marcher dans la rue en se remémorant les bonnes impressions que l’on a faites, oubliant les conséquences à venir des erreurs en s’amputant d’une moitié de notre être. Observer notre reflet dans des eaux troubles d’hypocrisie et de diplomatie en se convaincant d’être pleinement conscient, d’avoir assumé la cruauté qui coule dans nos veines depuis la genèse. L’incapacité de cerner la haine, la refouler à l’infini, nous y voilà, à l’Homme.
Hasard, ami fidèle, flot d’incontestables excuses, qui a dit qu’on ne pouvait pas te forcer un peu la main ? Privé de son refrain, l’air des opportunités n’a aucun sens. Il faut savoir le choper, l’adopter et surtout le flair, mon cher, le flair est fondamental.
Une partie de chasse infernale, du cannibalisme à gogo. Le gibier est rare et difficilement corrompu par nos vérités conscientes. Le plus grand danger est de se faire arracher le fusil des mains, ne plus pouvoir percer l’avenir de nos ambitieuses et arrogantes balles. Il en faut de l’égo pour croquer la chair des opportunités, c’est certain, on ne joue pas avec la nourriture. Au delà du maigre festin il faut éviter de s’empoisonner, la proie ne doit en aucun cas nous atteindre. Faire le tri tout en maintenant la cadence, séparer les ligaments du muscle pour savourer pleinement. Mais la règle fondamentale demeure, vivre. À côté de ce manège nos proches cessent de nous attendre, il faut retomber sur terre, souvent en trébuchant, l’âme funambule sur un fil de regrets, encore plus seule qu’auparavant. Aucun moyen de faire vivre, de partager cette singularité qui forme notre esprit, on nous demandera juste de s’adapter à défaut de ne pas pouvoir faire revivre le passé.
Que l’on soit d’un côté ou de l’autre de la vitre, on désirera toujours le reflet alléchant que nos souvenirs sournois nous injectent dans le crâne. L’impression d’être soudé à quelqu’un en ayant échangé quelques notes de musique avec, s’éprendre d’une proie depuis trop longtemps, illusion obsédante ou le réel, les origines de ma chair se ridant au rythme effréné de ma partie de chasse. Tout ça est vertigineux, trop rapide pour être éprouvé pleinement. Après tout, on est jeune qu’une fois.
« The line it is drawn
The curse it is cast
The slow one now
Will later be fast
As the present now
Will later be past
The order is
Rapidly fadin'.
And the first one now
Will later be last
For the times they are a-changin'. »
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